L'étude des théories de l'intertextualité du point de vue de l'analyse de textes, nous a aidé à extraire quelques principes intéressants dans le cadre d'un système d'assistance informatique à la compréhension de textes.
En premier lieu, l'objet d'étude, qui pour la Sémantique Interprétative est le texte, est étendu à l'intertexte. Relativement à cette extension, nous retenons aussi une méthodologie générale du travail intertextuel, selon laquelle les textes sont considérés non-fermés et en interaction avec d'autres textes. Cette conception généralise le principe de la nécessaire mise en contexte d'une lexie au sein d'un texte avant son interprétation. Un texte n'est plus interprété << hors contexte >> mais au sein d'un univers de textes, que nous appelons anagnose et qui porte la trace d'une intention interprétative. Au moyen d'une anangose, sont exprimées les dépendances et les ressources textuelles supposées et utilisées lors d'une lecture.
Plus généralement, toute entité textuelle accepte une triple détermination sémantique au sein de cet espace textuel : une première, de l'entité textuelle englobante, une deuxième, des entités qu'elle contient et une troisième, des entités voisines au sein de l'entité englobante (cf. 3.1).
Les parties textuelles dans cet espace intertextuel ont bien sûr des relations entre elles. Selon les principes de la Sémantique Interprétative, les connexions sémantiques sont effectuées lors d'un processus d'interprétation, dont l'agent principal est le lecteur. Le sens n'est pas immanent au texte, ni même à la textualité, mais à l'interaction de l'agent humain avec la matière textuelle. L'attitude espérée de la part du lecteur est qu'il trace son chemin interprétatif en respectant les contraintes posées par la matière textuelle.
Le rôle d'un outil informatique doit alors être déplacé. D'un automatisme << centré machine >> vers une assistance << centrée utilisateur >>. L'approche anthropocentrée appliquée à la production du sens encadre le lecteur selon la méthodologie interprétative d'une SII et assiste la réutilisation des interprétations déjà générées par lui ou par d'autres lecteurs, au sein de l'espace intertextuel.
L'objectif applicatif devient clair : organiser convenablement cet espace textuel pour essayer de minimiser les attributions sémantiques arbitraires et, par conséquent, non réutilisables. Nous verrons que la SII intègre les prémisses (intra- ou intertextuelles) d'une attribution sémique au sein de la classe à laquelle elle participe, dans un double effort de rendre les interprétations réutilisables et d'inciter le lecteur à les réutiliser, dans un objectif de consensus intersubjectif.