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Sémantique Interprétative Intertextuelle

 

Nous nous trouverions devant un phénomène que nous serions tentés de qualifier d'imitation ou de continuation, une conception de la vie selon laquelle le rôle de chacun consiste à ressusciter certaines formes données, certains schémas mythiques établis par les aïeux, et à leur permettre de se réincarner.

-- THOMAS MANN (Les histoires de Jacob)










Le sens est -- donc -- produit dans une situation d'interprétation d'un texte, impliquant l'émetteur, le récepteur (lecteur) et le texte, ainsi que l'entour de sa production et de sa réception.

Selon cette conception, le lecteur ne se limite pas à << déchiffrer >> le sens caché dans un message codé par l'émetteur (i.e. le texte), mais au contraire, il (re)crée le sens, le sens dans sa propre analyse, en << combinant >> la matière sémique et la matière textuelle selon ses objectifs actuels.

Dans un univers d'analyses, le lecteur trace son propre chemin, en utilisant les informations existantes, en en modifiant certaines ou en en créant de nouvelles. À l'image d'un auteur qui, dans un univers de textes, crée son propre texte, en se rapprochant de certains ou en s'éloignant d'autres3.1.

Donner la possibilité d'effectuer ce type de rapprochements à la fois textuels et sémantiques, de les organiser et de les comparer aux rapprochements d'autres lecteurs, constituent par conséquent des objectifs primaires d'un outil d'assistance à l'analyse des textes. Pour y répondre nous utilisons, quant à nous, le cadre de la Sémantique Interprétative [56] qui décrit les mécanismes de l'interprétation en se basant sur les rapprochements sémantiques (dont la forme finale est la notion d'afférence) effectués par le lecteur et contraints par le texte. De plus, nous essayons de situer et de structurer textuellement ces rapprochements sémantiques du lecteur, en lui donnant la possibilité de constituer un univers textuel, son intertexte, qui lui sert comme support à la fois pour la constitution de ses propres afférences et pour l'utilisation des afférences d'autres lecteurs.

Si un mot doit être situé dans un texte avant que l'on puisse déterminer son sens, de même un texte doit être placé dans le contexte de l'analyse d'un lecteur, une entité (inter)textuelle, son anagnose, avant de pouvoir pleinement être analysé. C'est un des postulats fondamentaux tout au long de ce travail. Le travail interprétatif est implicitement et profondément intertextuel (au sens le plus trivial de ce terme) et il peut être rendu réutilisable et même accéléré si l'on prend en compte, pour établir une interprétation, cet espace textuel plus large, l'entité (inter)textuelle nommée anagnose, qui englobe le texte et ses rapprochements sémantiques.

En fait, une interprétation est exprimée à l'aide de relations entre des parties textuelles (organisées en différents niveaux) et des structures sémantiques. Nous présentons d'un côté le matériau textuel et de l'autre les structures sémantiques établies par son interprétation, en s'efforçant de montrer l'importance de l'intégration de la notion d'interprétant et ses rapports combinés avec la textualité et l'intertextualité.



 
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Theodore Thlivitis, 1998