Nous avons déjà argumenté sur les raisons herméneutiques qui font
qu'un texte tc n'est pas directement interprétable. Notre hypothèse
est que tc devient interprétable quand il entre dans un contexte
d'analyse, défini par l'utilisateur selon ses propres objectifs. Le
même tc dans un autre contexte d'analyse peut recevoir une
interprétation partiellement ou totalement différente, voire
incompatible avec une autre. Ce principe d'une double détermination
sémantique, non seulement intratextuelle mais aussi intertextuelle, oblige la création d'une nouvelle entité formelle, le
texte positionné
,
qui se trouve
situé dans une entité textuelle englobante, l'anagnose, création
propre à l'utilisateur pour un objectif de lecture. Le texte
positionné peut être considéré comme l'occurrence
d'un texte type
,
selon une terminologie utilisée jusqu'à
maintenant principalement pour les entités
intratextuelles4.4.
En somme, l'entité interprétable n'est pas le
mais une
entité formelle
,
qui est constituée de tc considéré dans une entité englobante (une anagnose) et qui joue le rôle de son
contexte textuel.
La même remarque est bien sûr applicable pour les lexies
,
les lexies types, qui seront prises en compte pour une interprétation
après avoir été incluses dans un contexte textuel (un texte). Les
lexies occurrences
comme on le verra, sont totalement
contextualisées : dans un texte et dans la << société >> de
textes d'une analyse.
Enfin, en extrapolant ce même raisonnement, nous utilisons la notion
de contextualisation même pour les anagnoses
.
L'interprétation se fait sur l'occurrence d'une anagnose (
). Est-il possible de réutiliser une ac (type) pour en faire une
occurrence différente ? La réponse n'est pas nécessairement négative,
dans la mesure où l'on peut examiner la même société de textes selon
un autre point de vue. Les relations sémiques identifiées concernent
l'occurrence particulière et non pas directement l'anagnose type. Du
moins au début. Car le plus probable est qu'à la fin, les relations
intertextuelles identifiées auront introduit de nouveaux textes ou en
auront éliminé d'autres, bref : ils auront modifié l'anagnose type
elle-même (et donc il s'agira d'une analyse basée sur une nouvelle
anagnose type,
).
Pour en faire une petite synthèse et donner l'intuition directive du formalisme que nous préconisons, nous présentons le schéma abstrait de l'organisation des entités de base (entités types), des entités interprétables (entités occurrences) ainsi que des interprétations qui se fonderont sur elles.
Les entités directement interprétables sont toujours positionnées dans une entité textuelle englobante. Pour la définition d'une entité d'un certain niveau il faut se référer à l'entité qui joue le rôle de son contexte immédiat dans une analyse entamée par l'utilisateur. Les définitions du formalisme ont l'originalité de débuter par les entités les plus globales. Par exemple un texte, défini usuellement par son intratexte, est ici défini à l'aide de son intratexte mais aussi à partir de l'anagnose, i.e. du contexte textuel, correspondant à une analyse particulière entamée par l'utilisateur selon ses besoins.
De cette manière la définition d'une lexie présuppose la définition du texte et celui-ci la définition de l'anagnose.
Les relations sémantiques (interprétations) sont ensuite définies sur ces éléments contextualisés (ou positionnés) et, comme nous l'avons déjà mentionné, elles ne se basent pas sur les entités hors contexte (type).