Une remarque doit être formulée immédiatement :
Nous aimerions prévenir le lecteur pour lequel le titre aurait laissé entendre que notre travail concerne la mise en place méthodologique d'une théorie linguistique. S'il cherche un exposé érudit d'exemples littéraires qui attesterait une théorie linguistique sur la Sémantique Interprétative Intertextuelle, il sera déçu. Ce travail ne constitue pas une thèse sur une théorie intertextuelle quelconque.
Bien sûr, en tant que thèse d'informatique concernant des théories littéraires et linguistiques, ce travail demande, d'un point de vue épistémologique, une validation théorique du modèle informatique. Cette mutuelle rectification entre théorie et application est intégrée dans la plupart des discussions et des choix effectués. Mais le retour théorique ne vient pas des exemples (qui ne servent qu'à faciliter la compréhension) ; il vient plutôt des résultats théoriques auxquels ces exemples font référence.
Précisément, en tant que thèse en informatique, le point de vue est applicatif : nous montrons que, dans une telle perspective, la Sémantique Interprétative a besoin d'une extension intertextuelle. La Sémantique Interprétative Intertextuelle ( SII) n'est qu'un cadre informatique proposant une méthodologie interprétative. Nous en donnons des exemples. Mais nous laissons le soin de mettre sur pied une application extensive aux spécialistes, littéraires, linguistes, herméneutes, etc. qui peuvent mieux se l'approprier dans une pratique interprétative précise.
Côté application informatique, la mise en uvre -- nous
discuterons de notre choix dans tout ce qui suit -- vise à fournir le
cadre générique pour définir et développer des applications
spécifiques, propres à des pratiques interprétatives définies. Cela ne
signifie pas que nous éludons le travail d'une application
informatique concrète. Simplement, en insistant plus sur le modèle des
données et leur interaction interne, et moins sur les questions
relatives à l'interface graphique et au protocole d'interaction avec
l'utilisateur, nous mettons l'accent sur les données, leur
organisation et surtout leur réutilisation, plutôt qu'à l'ajustement à
une tâche précise. Que l'on ne se leurre pas : l'activité
interprétative est immense et l'entreprise qu'elle convoque ne saurait
trouver de visage applicatif satisfaisant en lui ôtant ce qu'elle a de
plus fondamental : la généricité et la réutilisabilité.
Ce travail constitue une partie d'un projet de recherche visant les systèmes d'aide à l'interprétation. Il est la suite naturelle de [77]. Ainsi, nous avons pensé qu'une nouvelle introduction critique à la cinétique des idées autour du thème de l'interprétation en général et, en particulier au système conceptuel de la Sémantique Interprétative [56], serait de trop. Cependant, cette dernière est supposée pertinemment acquise. Le lecteur consultera donc avec utilité, outre les textes en quelque sorte fondateurs [56] et [57], les deux premiers chapitres (au moins) de [77].