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Interclasse sémantique ( ICS) :

Nous avons dit que la molécule d'attributions sémiques est construite au sein d'une seule entité textuelle. Ceci est obligatoire puisque toute CS est définie sur un ensemble d'entités textuelles (lexies, textes, anagnoses) toutes positionnées dans la même entité positionnée englobante. Ceci est un résultat de la contrainte de localisation textuelle que nous imposons à une interprétation. En d'autres termes, une CS qui << parle >> de lexies (au sens où elle fait des attributions sémiques sur de lexies) ne peut pas dépasser la localité du texte qui englobe ces lexies. Car ce texte constitue le contexte direct et autonome de leur interprétation. Même si la constitution de la CS dépend d'un ensemble de relations intertextuelles définies au sein d'une anagnose (e.g. les sources sémiques), la CS résultat concerne toujours des entités positionnées voisines, i.e. situées au sein une même entité textuelle englobante

Par conséquent, la question qui se pose est comment nous traitons les isotopies (et en général les classes sémantiques) qui dépassent la limite d'une entité textuelle. Comment, par exemple, exprimer la récurrence du thème de l'amour dans la poésie de Lamartine. Toujours fidèles au principe de l'interprétation située, nous postulons qu'une interprétation qui dépasse les limites d'une entité textuelle n'est pas directe mais elle est issue :

1.
d'une ou plusieurs interprétations au sein de chaque entité textuelle, chacune donnant lieu à une CS, comme elle est définie jusqu'à maintenant, et
2.
d'une interprétation de niveau différent, ne traitant pas directement l'intra des entités textuelles précédentes mais les CS issues de leurs interprétations.
Si les CS concernent l'intratexte de plusieurs poèmes de Lamartine, l'interprétation finale est située dans leur anagnose commune et contient comme éléments de CS entières, chacune concernant l'intratexte d'un seul poème de l'anagnose. Pour expliciter cette interprétation de niveau supérieur, nous utilisons le terme inter-classe sémantique, notée ICS.

Une ICS a les propriétés suivantes :

1.
elle est située dans une seule entité textuelle e (notamment une anagnose ou la racine)
2.
elle contient comme éléments des CS et donc comme relations des ensembles de RE (modélisables à l'aide de schémas, voir juste après)
3.
chacune de ces CS a pour éléments des entités positionnées dans l'entité e
4.
elle a une structure interne modélisable à l'aide d'un schéma, c.-à-d. à l'aide d'une abstraction d'une structure de RE, où l'on a substitué des valeurs précises (une entité positionnée ou une primitive) par des variables. Une variable subsume, par exemple, dans le cas d'un schéma dialectique plusieurs actants pour représenter un acteur
Par exemple nous présentons un schéma thématique récurrent dans différents textes au sein d'une anagnose dans la fig. 4.17.
  
Figure: Classe sémantique abstraite ou schéma d'une ICS. La récurrence du schéma est obtenu en remplaçant les variables par des lexicalisations dans les différentes CS. Le schéma représente, bien entendu, le topos << la fleur au bord de l'abîme >>, cf. la section 2.1.3
\begin{figure}
\begin{center}
\input{figs/schemaICS.pstex_t}
\end{center} \end{figure}

Dans ce cas les lexicalisations correspondant à des lexies positionnées, puisque les CS sont situées dans des textes. Si le schéma ne contient qu'une seule variable, alors nous obtenons des (mono)isotopies thématiques intertextuelles (cf. aussi la discussion sur la notion d'interisotopie dans 4.3.6).

Il est évident que le nombre des schémas possibles est un ordre de valeurs supérieur au nombre des structures de RE possibles. C'est pourquoi nous nous résolvons à laisser les objectifs applicatifs déterminer un sous-ensemble suffisant qui, tout en ayant un pouvoir d'expression suffisant, pourra définitivement être facilement géré par les utilisateurs de manière aisée.


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Theodore Thlivitis, 1998