Historiquement, l'importance était initialement donnée au contexte de
la génération du message. Les tendances étaient concurrentes
entre une théorie de l'influence (<< l'histoire littéraire est
comme un flux naturel entre un texte antérieur et un texte postérieur
>>) et une théorie de l'inspiration (ce qui compte le plus c'est
les discontinuités d'originalité ; l'importance est donnée au
créateur, voire même au Créateur). Selon Th. Morgan
[51], ce sont les travaux de T.S. Eliot
[22] qui ont commencé à introduire dans un texte la
notion de co-présence du passé et du présent. << La création
individuelle et originale du présent, basée sur l'étude et
l'assimilation du passé par le poète, peut garantir l'immortalité du
passé et sa co-présence dans l'uvre actuelle >> (cf. aussi la
notion d'historicité [40], [25],
[26]). De cette façon << ce qui arrive quand une
uvre d'art est créée est une chose qui arrive simultanément à toutes
les
uvres d'art qui l'ont précédée >>.
En ce moment apparaît le paradoxe qui parcourt les théories de
l'intertextualité synchronique. Le sens d'une uvre n'est pas fixé
dans l'
uvre même ; il ne se restreint non plus dans le rapport de
l'
uvre avec la tradition, le passé. Le << sens total >> de l'
uvre doit être interprété et évalué en relation avec tout le système
de la littérature, avec ce qui précède et ce qui suivra. Un << sens
total >> qui est illusoire et dont la seule utilité est de mettre en
évidence l'idéal d'une analyse synchronique.