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Retour vers le rôle du lecteur

Le rôle de l'interprète est donc le plus important pour une analyse, ne serait-ce que pour le choix des objectifs et donc de l'intertexte initial de l'analyse.

Mais que (ou plutôt qui) dissimule cette la notion de lecteur ? Pour Barthes, [4], dans << Je lis le texte >> le pronom personnel implique une culture personnelle, une idéologie, une compétence linguistique, il est déjà intertextuellement influencé : le sujet devient aussi << ouvert >> que le texte littéraire.

Dans ce sens, H. Plett, dans [54], cherche les << administrateurs >> qui vont déterminer les signes de l'intertextualité et M. Riffaterre (e.g. [63]) propose la notion d'archilecteur. Si l'on ignore un intertextualiste automatique qui identifie scrupuleusement toute répétition entre textes (et qui constitue, pour H. Plett, l'intertextualiste idéal pour la tâche de l'identification des répétitions intertextuelles)2.20, il nous reste deux seules possibilités envisageables. Le lecteur individuel, conduisant à une explosion combinatoire des possibilités de lecture, et le lecteur empirique, plus proche d'un archilecteur, au sens où l'<< archi-intertextualiste >> porterait l'expérience intertextuelle de tous les auteurs/lecteurs précédents et produirait une analyse, en un sens, << standard >>, en n'identifant que les rapprochements pertinents. Un lecteur imaginaire, que l'on peut concevoir soit de manière universelle, comme un lecteur rassemblant l'expérience textuelle interculturelle, soit de manière plus locale, comme un expert absolu au sein d'une culture, d'une pratique ou d'un groupe social donné.

Un idéal intéressant mais irréalisable. Ce que nous devons attendre dans les cas réels sont des lecteurs avec un niveau d'expérience inférieur à celui de l'archi-lecteur mais suffisant pour produire une interprétation qui les satisfait. Est-elle académiquement ou socialement attestée ? Différentes possibilités s'ouvrent sur le plan intersubjectif d'une analyse. Il y a effectivement des normes (issues de la pratique2.21, de la société [56]) qui contrôlent la production des interprétations. Mais c'est la compétence interprétative et les objectifs de l'utilisateur de notre système, qui détermine l'intertexte et les relations intertextuelles explicitées.

Notre proposition va donc dans ce sens. Le système ne contrôle pas les relations intertextuelles effectuées par l'utilisateur, le laissant libre d'instaurer sa propre approche d'analyse intertextuelle. Par contre, le système oblige l'utilisateur à respecter une méthodologie interprétative précise, inspirée de la Sémantique Interprétative et intertextuellement étendue (i.e. la SII, cf. chap.3) dont un objectif principal est de limiter au maximum l'arbitraire d'une interprétation (et de cette manière permettre la réutilisation des résultats des interprétations). Au sein de cette option méthodologique, le lecteur reste toujours actif : il crée l'espace de son analyse et effectue ses propres rapprochements intertextuels.


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Theodore Thlivitis, 1998