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Les trois niveaux de textualité

Centrés donc autour de la primauté du texte et en considérant la triple détermination du sens, présentée plus haut (cf. 3.1), nous choisissons une simplification et en même temps une extension des niveaux de textualité généralement acceptés (cf. 3.1), de la manière suivante :

1.
l'intratexte
2.
le texte
3.
l'intertexte
Les premier niveau comprend toute partie textuelle inférieure au texte (lexies, phrases, chapitres, ...) ; de ce point de vue il s'agit bien d'une simplification, dans la mesure où tous les << rangs >> intermédiaires sont confondus. Le deuxième niveau comprend le texte dans son unité et au sein de l'entité textuelle englobante, que nous avons déjà informellement appelée anagnose (considérée pour l'instant simplement comme une entité intertextuelle3.9. Le troisième niveau concerne l'anagnose elle-même dans son unité et ses interactions au sein d'une entité encore plus globale, englobant théoriquement toute la production interprétative d'une époque, mais dont le rôle est principalement formel et présenté dans le même chap.4.

Selon les principes théoriques de la Sémantique Interprétative, une classe sémantique est le résultat de l'interprétation de ce qui se trouve au deçà d'un texte (c.-à-d. lexies, expressions, etc.). Nous l'appèlerons souvent l'<< intra >> d'un texte, par opposition à l'<< inter >> d'un texte, ce qui se trouve à côté ou autour d'un texte dans une entité englobante. 

Dans cette perspective intertextuelle nous généralisons la notion de classe sémantique en considérant que les éléments interprétables peuvent être :

Une classe sémantique est le résultat de l'interprétation de l'intra d'une entité textuelle, peu importe son niveau.

À chacun des niveaux mentionnés correspond donc une classe sémantique dont les éléments appartiennent à ce même niveau. Entre les classes sémantiques de niveau différent existent bien sûr des relations : une classe sémantique de niveau intertextuel (i.e. concernant des textes entiers, niveau 2) influence la création des classes de niveau intratextuel (i.e. concernant des lexies, niveau 1) au sein de chacun des textes. Et symétriquement, les classes concernant l'intra d'un texte peuvent déterminer une classe concernant ce texte et ses relations avec d'autres textes d'un intertexte.

Par exemple, dans le cas où l'on veut explorer les rapports d'imitation entre les textes d'une anagnose et l'on se rend compte que la thématique d'un texte a des traits communs avec un autre texte : ces derniers rapports sont explicités à l'aide des classes dont les éléments sont intratextuels, tandis que le rapport d'imitation entre les deux textes est explicité à l'aide d'une classe dont les éléments sont les textes entiers. Certes la constitution de la première classe peut influencer la seconde. Cependant la seconde n'est pas complètement déterminée par la première. Notamment, le lecteur est susceptible d'utiliser des informations sur la période de l'écriture des textes, sur les auteurs, etc. La constitution de la classe intertextuelle sera le résultat d'une interprétation, à un autre niveau, mais dont le résultat dépend toujours des objectifs et des compétences du lecteur3.10.

Si l'on fait abstraction de ces relations entre les niveaux, les mêmes mécanismes qui régissent une interprétation d'une entité textuelle en général, permettent la constitution des classes sémiques de niveau textuel (avec les lexies comme éléments textuels), de niveau intertextuel (avec les textes en tant qu'éléments) et de niveau inter-intertextuel (avec les intertextes en tant qu'éléments).

Cette uniformité qui existe relativement aux mécanismes qui permettent le passage d'un objet interprétable à son interprétation, pour des entités textuelles de tous les niveaux, est informatiquement très attractive. Elle constitue la pierre angulaire de l'application visée et, sera, par conséquent, explorée et exploitée tout au long de ce travail.

Bien entendu, l'extension vers le niveau intertextuel et ses rapports avec le texte demandent certaines précisions que nous analysons tout de suite. Les corrélas de l'intertexte avec tout le processus de l'interprétation sont examinés ensuite.


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Theodore Thlivitis, 1998