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Organisation du matériau textuel

 

Très souvent, l'entité directement englobante ne suffit pas en tant que contexte textuel d'un élément interprété dans une classe sémantique. Par exemple, la lexie 'bleu de chauffe', désignant normalement un vêtement de travail, peut selon une certaine analyse recevoir de nouveaux sèmes : << Dans L'Étranger de Camus le narrateur tue un arabe rencontré sur une plage et s'en explique au tribunal en incriminant le soleil. Or l'arabe était vêtu d'un bleu de chauffe, et il devient licite, note justement Coquet, d'actualiser /chaleur/ dans cette occurrence de la lexie >>, [60, p.133]. De plus, la même lexie du même texte peut être analysée de manière différente selon différents objectifs d'analyse, dans différents intertextes. Dans ce cas, il ne s'agit pas de la lexie type (telle, par exemple, qu'elle figurerait dans un dictionnaire) mais de la lexie occurrence, située, cette fois, dans un texte et dans une analyse.

Le positionnement d'une lexie ne comprend pas seulement le texte dans lequel elle apparaît mais aussi l'anagnose dans laquelle le texte est analysé. Car un texte est positionné dans une anagnose, qui opère comme contexte d'analyse. Il est ainsi permis d'avoir plusieurs interprétations pour un même texte selon l'anagnose englobante. Les textes positionnés, à l'image des lexies positionnées, ont des rapports d'occurrence-type avec le texte proprement dit. Ils constituent des textes interprétés et de ce fait intégrés, en tant qu'occurrences, au sein d'une entité englobante, l'anagnose.

L'anagnose aussi est positionnée dans une entité englobante mais de manière triviale, car il n'y a qu'une seule entité englobante, racine unique du système des entités textuelles, comme on le verra dans la formalisation (cf. p.[*]).


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Theodore Thlivitis, 1998