Dans la Sémantique Interprétative, le matériau sémique est constitué de sèmes, << atomes >> des descriptions sémantiques de différents niveaux de complexité. Les sèmes sont les constituants des sémèmes, << molécules >> des descriptions sémantiques. Les sémèmes sont organisés en ensembles << de définition >> de différents rangs de généralité. Par exemple, le sémème 'cuiller' appartient à l'ensemble de rang minimal //couvert// (on dit que 'cuiller' appartient au taxème //couvert//), à l'ensemble de rang moyen, ou domaine, //alimentation// et enfin, 'cuiller' appartient aussi à des ensembles de généralité supérieure, aux dimensions //objet manufacturé//, //concret// et //inanimé//.
Les sèmes qui << servent >> à l'ensemble minimal de définition d'un sémème, i.e. au taxème, sont appelés inhérents. En réalité, les sèmes inhérents constituent la partie relativement stable du système sémantique d'une langue. Ils peuvent << servir >> de deux façons : d'une part, en tant qu'éléments communs de tous les sémèmes du taxème3.21, e.g. le sème /couvert/ pour les sémèmes 'cuiller', 'fourchette', 'couteau' du taxème //couvert//. Dans ce cas ils sont appelés sèmes génériques. D'autre part, les sèmes peuvent servir à distinguer entre différents sémèmes au sein d'un même taxème, e.g. /pour couper/ appartient au sémème 'couteau' et il sert à distinguer 'couteau' de 'fourchette' ou 'cuiller'. Les sèmes qui servent à différencier entre éléments d'un taxème sont appelés sèmes spécifiques.
Les sèmes inhérents caractérisent les sémèmes dans les taxèmes hors contexte textuel. Ils sont << hérités >> aux occurrences des sémèmes dans un texte, si aucune autre information contextuelle ne l'interdit. Si par exemple le sémème 'couteau' est utilisé dans un contexte où il sert à tartiner, son sème inhérent spécifique /pour couper/ est dit virtualisé dans le contexte.
La stabilité sémantique de l'inhérence convoque déjà le besoin de la morphogenèse sémantique. En effet, un sémème peut contenir des sèmes afférents qui participent à des relations entre ce sémème et l'extérieur du taxème, c.-à-d. des sémèmes d'autres taxèmes. Par exemple, le sème /faiblesse/ est afférent au sémème 'femme' et le sème /force/ au sémème 'homme'. Il s'agit d'une afférence qu'une occurrence de 'femme' dans un texte n'aura que si le contexte y fait appel. Bien sûr, l'afférence est beaucoup plus apparente au sein d'un texte : un sème afférent contextuel est un sème explicité par le texte, e.g. dans 'le corbeau apprivoisé' le sème /apprivoisé/ est afférent au sémème 'corbeau'.
Une distinction très instructive entre sèmes inhérents et sèmes afférents est que les premiers sont identifiés tandis que les deuxièmes construits [56, p.44]. C'est un peu le résultat du caractère << implicatif >> des relations entre sèmes afférents, et du caractère << définitoire >> des sèmes inhérents. D'ailleurs les sèmes inhérents sont définis au sein des taxèmes, qui sont des ensembles définitoires de sémèmes, tandis que les sèmes afférents concernent des relations entre différents taxèmes.