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Éléments d'une classe sémantique généralisée

 

Une classe sémantique est considérée de manière suffisamment générique pour accueillir le résultat d'une interprétation. Nous avons vu qu'elle est produite dans un espace textuel qui détermine son étendue de validité par défaut. En tant que résultat d'une interprétation, une classe sémantique doit, bien sûr, organiser sémantiquement une partie du matériau textuel. Ce que nous allons examiner à présent est quelles sont les entités textuelles interprétables. Autrement dit, les entités textuelles qui constituent les éléments d'une classe sémantique généralisée.

Nous avons déjà eu l'occasion de discuter sur des exemples de classes de sémèmes, de classes de textes et de classes d'anagnoses. Ce sont les trois grandes catégories d'éléments textuels d'une classe. Les trois niveaux de textualité admis étant :

1.
l'intra-texte
2.
l'intra-anagnose
3.
l'inter-anagnose
il y a trois types d'entités textuelles interprétables :
1.
la lexie (rassemblant les notions comme le mot, le syntagme, l'expression figée, et, pour les besoins d'une application informatique, toute unité textuelle intratextuelle utilement interprétable)
2.
le texte (par rapport à d'autres textes)
3.
l'anagnose, unité textuelle correspondant à une notion d'<< analyse intertextuelle >> (ou lecture) et considérée dans ses relations avec les autres analyses.
Nous définissons alors trois types de classes sémantiques généralisées ( CS), par rapport au type d'éléments qu'elles contiennent et qu'elles organisent sémantiquement :
1.
les CS de lexies3.36, mettant en rapport des parties de l'intratexte en utilisant un ensemble d'attributions sémiques sur chaque partie
2.
les CS de textes, mettant en rapport des parties de l'intra-anagnose en utilisant des attributions sémiques sur chaque texte considéré comme unité, e.g. /imitation/, /poème de Mallarmé/, /précède l'écriture de/, etc.
3.
les CS d'anagnoses, mettant en rapport des anagnoses entières en utilisant des propriétés qui puissent s'avérer utiles au rapprochement sémantique des analyses, e.g. le lecteur, le type d'analyse, l'objectif, etc.

Remarque générale : une classe contient des éléments qui appartiennent à un seul niveau de textualité. En d'autres termes, on ne peut pas mettre en relation directement dans une classe sémantique généralisée un mélange de lexies, de textes et/ou d'anagnoses. Par contre il est possible de constituer une CS de lexies, une CS de textes et ensuite mettre en relation les CS entières dans une classe sémantique de niveau supérieur (cf. la discussion sur la notion d'interclasse, 4.3.5). La contrainte concerne donc la formation de classes sémantiques concernant et organisant directement des entités textuelles.

En effet, une CS organise toujours l'intra3.37 d'une localité textuelle. Comme nous venons de le voir, les trois types de classes correspondent à trois types d'entités textuelles qui sont interprétées : l' intra-texte, l'intra-anagnose et l'intra- d'une entité englobante, que nous appelons, pour simplicité, interanagnose. La raison est que les entités textuelles sont interprétables au sein d'un certain contexte qui est avant tout textuel, donc au sein d'une entité textuelle englobante.

Par exemple, la lexie 'dialectique' a une certaine interprétation dans un texte de Platon et une autre dans un texte de Plotin [79], voire dans de textes d'écrivains contemporains. Le rapprochement et la mise en relation est possible, mais seulement après avoir effectué les interprétations de la lexie dans l'intra de l'entité textuelle qui l'englobe (ici le texte où elle apparaît).

Les éléments d'une CS sont donc eux-mêmes positionnés dans une entité textuelle englobante avant d'être pris en compte par la classe. Une CS contient donc comme éléments des entités textuelles occurrences (par opposition aux entités textuelles types) comme présentées dans 3.1.5.


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Theodore Thlivitis, 1998