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Vers une notion de classe sémantique généralisée

 

La classe sémantique que nous proposons généralise la notion de classe de signification [60] (et les notions relatives, comme par exemple celle de taxème [56], [57]) de la façon suivante :

1.
Comme nous l'avons introduite, une classe sémantique généralisée ( CS) intègre trois notions indispensables à la constitution d'une interprétation : les attributions sémiques au rôle d'interprétants, les éléments cibles des attributions et la structure sémique résultat, après la prise en compte des attributions.

Nous formalisons cette intégration dans 4.3.2.

2.
Une CS est située (ou positionnée) dans un certain contexte textuel. Ce contexte peut être la totalité de la production d'une langue (qui peut être comprise comme isomorphe à l'inter-intertexte maximal) et de cette façon la CS peut correspondre à un taxème, i.e. un ensemble de définition de sémèmes en langue.

Mais une CS peut être utilisée pour une interprétation locale, au sein d'un texte (fléchie ainsi par l'idiolecte de l'auteur), d'un ensemble de textes (contrainte ainsi par les prescriptions d'un genre), ou d'une analyse (déterminée ainsi par les spécificités de la compétence interprétative du lecteur).

Les aspects relatifs au positionnement d'une classe sémantique généralisée sont examinés à partir de la p.[*].

3.
Une CS contient des éléments issus d'un niveau de textualité qui peut ne pas être seulement le niveau intratextuel.

Dans certains cas, un texte entier   (considéré dans son unité par rapport aux autres textes) peut obtenir des traits sémantiques utiles pour une analyse. Par exemple, l'auteur ou l' époque de son écriture, peuvent être considérés comme des traits inhérents au texte, imposant certaines contraintes interprétatives lors d'une analyse -- par exemple si l'analyse se déclare respecter l'ordre chronologique, revendiquer les traits d'une tradition, relever d'une culture reconstruite, etc.

Nous pouvons par exemple concevoir une classe de textes du même auteur avec comme traits spécifiques la période de leur production. Il faut tout de suite remarquer qu'il s'agit de traits sémantiques attribués (de manière inhérente ou afférente) au texte entier, considéré comme unité et par rapport aux autres textes. Normalement (sauf cas d'autoréférence) on ne peut pas retrouver ces traits sémantiques dans l'intratexte :

<< Dans tous les cas, le texte lui-même n'est pas censé connaître, et par conséquent déclarer, sa qualité générique : le roman ne se désigne pas explicitement comme roman, ni le poème comme poème. (...) À la limite, la détermination du statut générique d'un texte n'est pas son affaire, mais celle du lecteur, du critique, du public (...) ainsi dit-on couramment que telle << tragédie >> de Corneille n'est pas une vraie tragédie, ou que le Roman de la Rose n'est pas un roman >> [30, p.12].
Pourtant ce sont des propriétés importantes. Elles servent à organiser les textes dans de classes opératoires qui, à leur tour, peuvent faciliter de nouvelles attributions entre textes ou parties de textes.

Un deuxième exemple de telle classe comprendrait le texte et ses commentaires : il s'agit donc plutôt d'un graphe dirigé (à l'image des graphes conceptuels faisant partie d'une description dialectique dans [57]). Ou bien, une classe qui contient le texte et les sources qui, d'après le lecteur, ont influencé la production de ce texte, classe générée suivant les critères de catégorisation propres au lecteur et demandant a posteriori une justification venant des intratextes de ces textes.

À la limite, ces traits peuvent même ne pas être donnés et demander pour leur établissement un parcours interprétatif parfois complexe e.g. les rapports d'identité entre Homère, le poète, et Homère, l'auteur de l'Iliade, comme on la connaît aujourd'hui. Cependant, le moyen essentiel de la constitution des traits relatifs au texte entier reste toujours l'interprétation de sources textuelles.

D'ailleurs les relations intertextuelles même si elles peuvent parfois recevoir une justification intratextuelle (e.g. par une thématique particulière) doivent en général concerner le texte entier, considéré en tant qu'unité. Un trait sémantique comme /parodie/ ou /plagiat/ (cf. [30]) ne va presque jamais être retrouvé dans l'intratexte. Il concerne le texte entier et ses rapports aux autres textes dans un certain univers de lecture (i.e. l'anagnose).

Nous avons donc grand intérêt à considérer des classes sémantiques qui ne contiennent pas seulement des lexies comme éléments.

Les éléments d'une CS sont considérés dans 3.3.1.

4.
Une CS est considérée comme le fruit d'une interprétation. Elle a donc une structure interne qui exprime le type d'interprétation que le lecteur a voulu faire.

Certes, une grande partie des classes sémantiques pratiquement établies sont de type isotopique (cf. 3.2.1) concernant donc plutôt la composante thématique d'une analyse sémantique [57]. Mais lors d'une analyse, toutes les composantes (i.e. thématique, dialectique, dialogique et tactique) peuvent être en interaction et les classes établies par le lecteur ne sauraient longtemps être limitées aux isotopies.

La formalisation d'une CS prend en compte le type de la structure sémantique de ses éléments (e.g. sémèmes). Nous avons défini un ensemble de types que nous analysons dans 4.3.4. Bien sûr, selon les besoins d'une application, de nouveaux types peuvent être rajoutés. Ceci devient possible en ajoutant une entrée dans la liste des constructions possibles (cf. 4.3.4), dans le module (cf. [*]) du formalisme concernant les structures sémiques.

Dans les paragraphes qui suivent nous examinons les plus importantes caractéristiques d'une classe sémantique généralisée ( CS).


 
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Theodore Thlivitis, 1998